Passé le 1er regard, j’ai été émue par les attitudes de chacun des personnages. Ils m’ont fait penser à la Femme de Loth transformée en statue de sel, pour avoir regardé en arrière malgré l’interdit. Mais ces personnages ne semblent nullement effrayés ni rattrapés par un tel sort.
Ils se sont posés l’espace d’un instant, figés, nous permettant de lire dans leurs maintiens leur vie singulière. Ce pourrait être également la photo de famille prise un jour d’été pour fixer dans l’éternité un moment familier.
A y regarder de plus près, on distingue bien chaque génération, dans sa posture spécifique, collant à l’idée que l’on s’en fait. Chaque personne joint sagement ses mains, parce que, il faut bien le dire, on ne sait pas très bien quoi en faire de nos mains dans ces moments-là… Mais l’enfant, lui, a décidé de conserver l’allure décontractée propre à son âge. Son visage, sans trop d’expression, laisse deviner l’ennui qui l’a rattrapé. Il voudrait tant aller courir avec ses amis ou jouer au foot !
Et l’homme, au bout à droite, a décidé de se démarquer de la pose générale. Il manifeste sa réprobation, déjà sur le départ, prêt à bouger dès que possible. D’ailleurs, l’ombre le recouvre en partie.
Mais, à cet instant précis, que fixent-ils, à quoi pensent-ils, qu’attendent-ils vraiment ?
Sont-ils dans une salle d’attente, une salle de spectacle, une salle de jugement ?
Symbolisent-ils notre propre attente ? Nous identifions-nous à l’un d’entre eux ?
Marie-Claude Vincent – Octobre 2023
« Nous étions tous errants comme des brebis, chacun pour soi, chacun tourné vers sa propre voie. » Esaïe 53.6
Assis en rang d’oignons
Ils étaient là, assis en rang d’oignons sur une murette suspecte. Ils n’étaient pas très frais, à une exception près, un gamin d’une dizaine d’années qui faisait une drôle de tête.
Femmes et hommes, indifférents, ils attendaient le bus patiemment. Aucun n’avait de bagage, ils n’emportaient rien. Ni sac à dos ni sac à main. Le petit était sage, il se tenait bien.
On aurait pu croire que certains s’étaient connus ou se connaissaient, ce n’était pas le cas. Ils partaient tous ensemble mais chacun pour soi. Aucun ne savait précisément où il allait, il avait fallu décamper alors on avait décampé. Il avait fallu s’asseoir alors on s’était assis, on n’avait guère eu le choix. Et maintenant, on attendait.
Un jeune, à droite, scrutait la route. Plus impatient que les autres sans doute.
On s’attendait à l’entendre crier d’une minute à l’autre « Le bus arrive ! » mais rien n’arrivait. Il faut dire qu’il n’y avait pas grand passage à cette heure-là de la journée. Même le soleil avait déguerpi. On s’ennuyait ferme ici.
Dans la pénombre, tous paraissaient gris. Ternes, livides. Corps et âmes. Figés comme sur un vieux polaroïd. Quelqu’un avait colorié en jaune le pull-over d’un gars. Un quinqua bonhomme, mains croisées sur abdomen confortable. À côté de lui, une vieille dame. À priori respectable.
Le bus arriva. S’arrêta. Puis repartit.
Sur la murette, le gars en jaune était encore là. Seul maintenant. Il sourit. Se leva doucement. Puis battit en retraite et des bras. Et s’envola.
Le gars en jaune, c’est moi, c’est toi. C’est tous ceux qui croient. Merci Seigneur de t’être révélé à nous, de nous avoir tant aimés, mis à part, sauvés, coloriés. Merci parce que tu reconnais les tiens. Merci pour la place que tu nous as réservée à tes côtés. Tu prends si bien soin !
Brigitte Mathis – Auteure de Chroniques Chrétiennes à Croquer I-II
« Vous étiez comme des brebis errantes. Mais maintenant vous êtes retournés vers le berger et le gardien de vos âmes. » 1 Pi 2.25
Et si notre Dieu amenait de la couleur sur tous ceux qui sont assis sur ce banc ?
Et s’Il insufflait Sa Vie dans tout ce qui est figé ? Si la proximité devenait signe d’échanges, de communion, de complémentarité ?
« C’est Dieu qui est la source du courage, de la patience et c’est Lui qui nous console. Il nous rend capables de vivre en plein accord les uns avec les autres, en suivant l’exemple de Jésus Christ. » Ro 15.5
« Ainsi nous pourrons tous ensemble unir nos voix pour rendre gloire au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus- Christ » Ro 15.6